Journalisme, télévision et lien social

Jusqu’à présent, la télévision était plutôt considérée comme destructrice du lien social. Pour certains, son intrusion dans les foyers avait mis un voile sur la communication au sein des familles. Plutôt qu’un vecteur de lien social, c’était un facteur d’exclusion et d’individualisation. L’écran était une frontière entre le téléspectateur et « celui qui parlait dans la boîte ». Pour d’autres, en particulier le sociologue Dominique Wolton, elle la télévision a été ordonatrice d’une nouvelle société depuis les années 80 surtout. Enfin l’avènement d’Internet pour le sociologue JL Missika annonce la fin de la télévision en tant que pilier de cette nouvelle socialité… Voici un petit texte qui interrogeait le lien social médiatique dans les années 90 :

Le terme de lien social est assez récent et vague. Il qualifie en fait la capacité des individus à vivre ensemble. Il n’existe pas de relation directe entre la télévision et le lien social. La télévision devient un vecteur de lien social lorsqu’elle descend dans la rue et donne la parole aux acteurs de la réalité sociale dans les quartiers, dans les associations…

En cela, la télévision n’est pas le plus mauvais média pour traduire la réalité sociale, car elle est un média vivant. Cependant, elle a besoin d’être réhabilitée et de regagner la confiance des téléspectateurs. En dénaturant les faits au profit du sensationnel, la télévision donne trop souvent une représentation caricaturale de la société. C’est pourquoi on a du mal à lui faire confiance. En effet, le média télévisuel est un outil violent et réducteur.

La télévision semble pourtant prête à tout mettre en œuvre pour contrecarrer cette perception négative. Elle essaie de créer de nouveaux programmes plus proches de la réalité sociale. Cela prend la forme de « focus » en régions pour les journaux télévisés, de magazines tels que « Saga-Cité » pour France 2 ou « La vie en plus » pour la Cinquième. La télévision tente de se rapprocher des téléspectateurs.

La Cinquième avec « La vie en plus » a l’ambition de faire remonter les informations et de réutiliser les émissions comme outil de formation et d’éducation. L’émission est le résultat d’informations provenant du pays. Ceci constitue une petite partie du développement de l’information de proximité qui fait son entrée à la télévision. Cette information de proximité tient beaucoup plus compte de la réalité sociale. L’équipe de « Saga-Cité » permet aux gens de retrouver une véritable parole. Elle va sur le terrain pour un échange et veut montrer la complexité de la réalité.

Les journalistes ne doivent pas vivre en marge de la société, ils ont véritablement une responsabilité sociale à assumer. Il semble que l’on soit revenu à l’heure du journaliste citoyen qui s’implique et agit pour la société. Les journalistes dont les contraintes sont de plus en plus lourdes, veulent retrouver une fonction sociale. Ils doivent non seulement rendre des comptes à leur hiérarchie mais également au public. Il est indéniable qu’ils exercent une influence sur leurs lecteurs.

Les rédactions ont décidé d’être constamment présentes sur le terrain. Elles travaillent ainsi avec le recul nécessaire pour conserver une certaine objectivité. De ce fait, elles sont mieux informées et traduisent avec plus de justesse la réalité des faits. Pour Ouest-France, cela passe par un réseau de correspondants souvent renouvelés et dispersés sur la zone de diffusion. Plutôt que d’attendre les nouvelles, les journalistes de presse écrite anticipent l’actualité. La Dépêche du Midi multiplie les contacts dans les quartiers sensibles afin de mieux appréhender la crise sociale. Un véritable lien social se tisse entre les rédactions et les acteurs de la société.

Toutes les rédactions écrites ou télévisuelles cherchent à s’immerger dans la réalité sociale pour en restituer une image plus juste. Les journaux travaillent en amont de l’actualité et appréhendent ainsi beaucoup plus facilement les crises sociales. Pour un véritable lien social entre les média et le public, il faut que le débat et le droit de réponse existent. Etre vecteurs du lien social, cela consiste à montrer, à décrire ce que les gens font ensemble, par des témoignages, des portraits… écrits ou télévisés. A porter leur parole. pour en savoir plus , lire http://sms.hypotheses.org/3048