liens complexes entre Internet, Administration, citoyen depuis les années 90

A la fin des années 90, début 2000, le constat quant au développement d’une société de l’information basée sur Internet, plongeait nombre d’observateurs dans le scepticisme…
Ainsi, déchirure sociale, clivages économiques, désaffection du politique, fragmentation culturelle, procès en légitimité des institutions publiques (qui ont en principe pour mission de protéger, de réguler, de préparer l’avenir) : le citoyen, pourtant attaché à ses services publics, apparaît désorienté, se montre de plus en plus sceptique et met en question l’intérêt général. De nombreuse pistes ont été explorées pour remédier à ce mal. Parmi elles, les TIC apparaissent comme un moyen de rapprocher pouvoirs et administrés. On voit même parfois, en Internet, l’outil d’une nouvelle citoyenneté.

On observe en 2000 un repli de l’identité dans des groupes restreints. Un billet économique du journal Sud-Ouest titrait même au « retour de l’homme tribal ». Se dégagent néanmoins de nouvelles formes de civisme que les institutions ne connaissent pas. Les sociétés ne savent reconnaître que ce qu’elles choisissent ou à quoi elles sont familiarisées. Depuis les années 80, on privilégie les valeurs immatérielles, on préfère une plus grande qualité de vie à la promotion sociale par exemple. Aussi une nouvelle légitimité se fait jour : est légitime ce qui est plus proche. Les valeurs, comme le savoir ou l’argent qui fondaient la légitimité d’antan tendent à perdre de leur poids. Il faut prendre en compte ces changements pour comprendre les nouvelles formes de civisme dans notre société.

L’équité est un nouveau régulateur social, à l’ombre duquel on mesure la valeurs des choses. A la morale du Droit succède la morale de vie, le fait que si cela me paraît équitable, je le fais. Le travail au noir, voyager sans billet ou profiter d’un passe droit n’est pas grave pour plus de la moitié des Français. La société devient plus permissive.

On observe aussi une réduction de la dissonance avec les institutions publiques et privées, on écoute différemment le discours politique même si on ne vote pas. Le Gouvernement gagne 10 points par rapport à l’année dernière.

Enfin on note une plus grande progression de la personnalisation, plus que de l’égoïsme. On peut se mobiliser si cela est concret ou incarné comme le Kosovo ou le Téléthon, mais plus pour de grandes causes abstraites. Manifestant une volonté sporadique, les gens ne veulent pas être encadrés dans des horaires, dans des meetings. Il faut respecter chacun.

De l’administré comme acteur du changement social
Des études ont tenté de décrire cette évolution complexe du rapport entre la citoyen, l’administration et le support électronique, voir entre autres le rapport Costes sur l’hyper-république  ou  celui du Conseil 2conomique et Social intitulé « Pour un développement équilibré des TIC sur les territoires » . Mais certaines inadaptations des collectivités locales semblent constituer un frein à une communication civique au niveau local,

  • La conception électoraliste dans la fonction de représentation de l’élu, qui voit dans ses administrés des clients, et non des individus, des partenaires.

  • l’absence de reconnaissance des besoins des administrés lorsque cela ne provient pas du « catalogue du service public ».

Le dialogue est rendu difficile lorsque l’administré n’est considéré que comme un client. Il est un acteur du changement social. S’il n’est pas associé au processus de décision, le développement de nouveaux comportements civiques est freiné.
Le manque d’écoute sociale est manifeste. L’administré n’a pas besoin de nouvelle campagne d’information civique. L’enseignement civique passe par la pratique pas par le discours pédagogique. Même à l’école, les enfants doivent pouvoir discuter avec le professeur. Dans les administrations c’est à travers le guichet que doit passer la communication. On doit montrer à l’administré que l’on sort du discours commercial, du discours lisse et informatif, il faut une partie d’interrogation.

Comme le fait justement remarquer Pierre Zémor, conseiller d’Etat, président de Communication Publique, « une renaissance de la communication civique ne peut venir que de l’attention, de la patience et de l’imagination. Proximité de l’usager, disponibilité et polyvalence de l’agent public ont constitué ces dernières années les attitudes les plus favorables au lien social que doit maintenir et développer la communication institutionnelle publique« .